Accueil > Les outils > Fiches de l’EDAD > Le bol chantant
Publié vendredi 8 janvier 2021 | Mis à jour le vendredi 16 avril 2021
Le bol chantant
On dit que le bol est le premier ustensile sorti de la main de l’homme.
Il y a un ou deux millions d’années, quelqu’un a ramassé une motte d’argile et l’a tournée en boule. Il a enfoncé son pouce dans la terre molle. Il a mis son empreinte. Il a découvert qu’avec ce petit objet qu’il venait de faire, il pourrait maintenant recueillir ce que la vie lui donnait. L’eau ne fuirait plus entre ses doigts.
En 2021, ramasser la terre de la vie ordinaire. Si elle est grasse, tant mieux. Si non, demander de l’eau à d’autres et l’ajouter pour la rendre malléable.
La tenir fermement dans la main, la pétrir, sentir qu’elle est bien là. Ne jamais penser que la terre est sale : ce serait une sottise !
Y mettre son empreinte. La façonner en faisant de son mieux jusqu’à la forme d’un petit bol et laisser faire le temps. Ne pas se focaliser sur les imperfections de la tournure.
Passer cette petite coupe au feu de l’amitié, de l’amour, de la foi simplifiée.
Et tout au long de l’année, y déposer ce que la vie apporte.
Non plus cueillir, détacher, arracher, prendre, forcer. Mais accueillir les jours, les rencontres et les rêves. Y recueillir même ce qui paraît pauvre. On pourrait dire, c’est un « calice ». Il contient l’à-venir.
De temps à autres, comme ça, pour rien, approcher doucement l’oreille du bol : ça s’appelle « célébrer ». Il arrive qu’on y entende, entre deux grands silences, le chant d’une Source.
Je vous souhaite une belle année.
Un bol profond. Chantant.
Raphaël Buyse